PREMIERE PARTIE : COMPREHENSION DU CONTEXTE.

Un piéton peut-il survivre en Asie ?

Pour ceux qui n’ont pas beaucoup de temps devant eux pour lire la réponse, c’est oui… mais pas longtemps !

D’abord parce que le piéton est mal vu. Après tout, celui qui marche, surtout au Cambodge, c’est celui qui ne peut pas faire autrement, donc le pauvre. Pourquoi marcher sinon ?

Il faut bien avouer que marcher sous le soleil entre 11h et 15h n’a rien d’une partie de plaisir, et comme nous ne sommes pas vraiment des lève-tôt…

En ville, le piéton qui veut le rester devra faire preuve d’une grande vigilance et d’une agilité sans faille. D’abord parce qu’il n’y a pas de trottoirs, enfin si, mais ils ne lui sont pas destinés. En effet un trottoir, mais si vous savez, cet espace si pratique situé entre les murs des maisons et la chaussée, peut servir à bien des choses plus importantes que le passage d’un piéton !

On peut y garer un scooter-échoppe par exemple, y dédoubler la surface de son magasin, y mettre des panneaux publicitaires pour ledit magasin ou tout simplement s’y garer ! Pourquoi s’embêter ? On peut aussi y étaler une natte pour prendre le soleil, surtout sur les trottoirs au bord de l’eau. Et si vraiment personne n’a conquis la surface du trottoir, ce dernier fera, pour les vélos et les scooters, une piste tout à fait convenable.

Fort de ce constat, le piéton devra donc slalomer allégrement, se jouant des différences de hauteur, des trous et des obstacles sur sa route, demeurant de marbre lorsque scooter, bus et 4×4 aux vitres teintées le frôlent, joueurs, pendant qu’ils avancent côte à côte sur la route.

Traverser une route, et à fortiori une avenue, devient ainsi pour l’apprenti piéton une épreuve mystique. Tel Indiana Jones s’apprêtant à franchir le saut de la foi dans La dernière croisade (chacun ses références religieuses), il devra s’engager avec confiance et détermination au milieu de la circulation. Ce n’est que d’un pas mesuré et égal malgré la frénésie des tuk-tuk fonçant droit sur lui, qu’il parviendra à arriver indemne sur le trottoir du salut. Le moindre à-coup, le moindre mouvement de recul, le moindre faux-pas et même Dieu ne sait pas ce qui pourrait lui arriver…

La circulation en Asie (L’Asie étant pour l’instant pour moi équivalente à la somme des expériences faites au Cambodge et au Laos, divisée par deux vu qu’on est deux) est bien différente de la nôtre mais le principe en étant d’une simplicité éclatante, on s’y fait vite, et même on y prend goût…

Sens interdit, feux tricolores, panneaux de signalisation, bandes blanches, clignotant… Fi ! Que tout cela est vain…

Sans plus de secret ni de roulement de tambours, voici donc en exclusivité LE secret d’une circulation réussie : FLUI-DI-TE. On ne s’arrête pas, on ralentit, s’il y a une place, tu peux t’y mettre, quand on a un doute sur la priorité, c’est le plus décidé qui passe (variante Laotienne : c’est le plus gros) et si tu as un doute, tu klaxonnes (se reporter à l’annexe 1).

Aussi surprenant que cela puisse paraître (oui, lecteur méfiant, nous t’avons vu froncer tes sourcils soupçonneux, tu ferais mieux d’éteindre ta webcam), en ville, ça fonctionne bien car tout le monde roule doucement en anticipant les mouvements des autres conducteurs (plus les piétons fous). Nous n’avons été témoins d’aucun accident.

Ah si.

Poids-lourd contre vache. On ne vous dit pas qui a gagné, ce serait dommage de vous spoiler la fin.

Parce que si, en ville, la circulation est considérablement gênée par ces indécrottables piétons, en dehors des villes il y a les animaux !

Quoi de plus confortable en effet, qu’une douce couche de goudron délicatement chauffée par les rayons du soleil pour faire un somme ? Ni chien, ni chat, ni vache ne peut y résister. Et une fois installés, pas question de les faire bouger. Heureusement chèvres, moutons, cochons, poules et canards semblent préférer les fossés environnants et se contentent de traverser de temps en temps, tous leurs petits bien en pagaille derrière eux, en vous regardant d’un sale œil.

 

Annexe 1 : Code klaxon

Il est important de bien maîtriser le code klaxon et surtout de se souvenir que le klaxon n’est en aucun cas un signe d’agressivité : Prenez-le plutôt comme une conversation polie entre collègues.

– Tut Tut : « Tu peux avancer, il y a de la place, mais si regarde t’as bien 20 centimètres devant toi. »

– Tuuuut : « Attention je suis juste derrière toi ! Coucou, je passe ! »

A ne surtout pas confondre avec :

– Tuuuut : « Vas-y, je t’en prie, tu peux passer. »

 

Annexe 2 : Configurations routières possibles (référentiel choisi : double voie)

Note : Les piétons étant une donnée négligeable en terme d’espace et de perte, la présence d’un piéton peut, sans incidence, être ajoutée à chacune des configurations ci-dessous.

Poids-lourd + voiture + vélo.

Voiture + scooter + voiture + scooter.

Scooter + Tuk-tuk + scooter + scooter + vélo.
[Configuration favorisant la discussion entre amis.]

Scooter + Tuk-tuk + scooter + tuk-tuk + vélo.

Bus + vélo + bus.
[Configuration déconseillée.]

Scooter + scooter + scooter + scooter + scooter + scooter. 
[Configuration répandue aux feux rouges, quand ils sont respectés.]