Au matin de ta vie sur la planète,
Ébloui.e par le dieu Soleil,
À l’infini, tu t’éveilles aux merveilles de la terre
Qui t’attend et qui t’appelle.
Tu auras tant de choses à voir,
Pour franchir la frontière du savoir.
Acquérir l’héritage qui vient du fond des âges.
Dans l’harmonie, une chaine d’amour.
C’est l’histoire de la vie !

Le Roi Lion (!)

Toutes mes excuses, il n’y aura pas d’intro à cet article. C’est notre dernier soir, il fait encore 35 degrés. Val prépare les pâtes-sauce-tomate-fromage – le classique qui passe bien ! Damien téléverse les photos sur notre carte SD. et Elsa m’attend pour aller chercher des mojitos au bar de la Guest Farm où nous logeons. Alors sorry, l’appel du cocktail glacé me fait zapper une intro philosophique. Voici donc en rafales les enseignements de ce voyage magique au pays des zèbres et des girafes et des non lions.

Leçon no. 1 : Déconstruire ses préjugés :

Perdus loin des villes, en pleine nature sauvage, un travailleur du parc de Twyfelsfontein porte une I-watch et m’explique comment elle fonctionne. Il habite probablement au village voisin où nous venons de passer pour acheter quelques vivres. Les maisons sont faites d’une structure de branches d’arbres du coin, recouvertes d’un enduit de terre ocre. Une taule sert de toit, des portes et des fenêtres sont encastrées. Toutes ont une antenne de télévision. Nous discutons avec un vieil homme dans un anglais parfait (pour lui, pas pour nous). Il nous dit que 52 familles vivent ici. Nous croisons des jeunes portant des jeans troués mais troués « à la mode de chez nous ». Alors que nous les croyons démunis, ces gens ne le sont pas. Ils ont l’électricité et l’eau courante ; du travail avec l’attrait touristique du site ; ils ont de quoi s’offrir télévision et I-watch, de quoi s’abrutir et consommer. Peut-être que c’est ça la richesse, la liberté de consommer. La critique est une affaire de bourgeois. Comme Éric, notre guide de Katatura, ne comprend pas pourquoi nous n’aimons pas MacDonald.

Leçon no. 2 : Trouver un bon spot de camping sauvage dans le bush :

1. chercher une petite piste qui s’éloigne de la principale. Mais pas trop !…
2. éviter les zones de village où des enfants sont en embuscade dans les bosquets. Ou alors demander la permission de camper près d’un village où les gens se désintéressent de nous.
3. se mettre à l’abri du vent et des regards, derrière une petite colline ou des arbres. (Si possible, éviter les terriers de chacals!!)
4. vérifier que le sol est plat pour les tentes et qu’il ne s’enfonce pas.
5. éviter les fonds de rivière asséchée.

Leçon no. 3 : Repérer des animaux dans la nuit (surtout quand on campe en pleine nature…) :

Sur le parking de Sossusvlei, des yeux rouges nous observent finir notre repas dans la nuit. Ils sont proches, écartés et assez haut. Val se grandit et pousse un rugissement qui fait fuir la bête. Qu’est-ce ? Nous craignons surtout un lion, mais il est peu probable qu’il y en ait dans le désert du Namib. Les yeux reviennent un peu plus tard et se rapprochent. Une légère psychose collective nous fait grimper dans nos tentes. Nos lampes sont braquées sur la bête et aux jumelles nous constatons que ce n’est qu’un oryx, élégant, calme, curieux. Vers la fin du voyage, un travailleur d’un community camp nous expliquera qu’il est facile de repérer les animaux dans la nuit à la couleur de leurs yeux : verts pour les lions, jaunes pour les léopards et guépards, rouges pour les équidés (impalas, oryx).

Leçon no. 4 : Rouler dans le sable :

1. dégonfler les pneus !!!
2. passer en mode 4×4
3. rester en seconde
4. « Go fast ! Don’t stop » !…

En cas d’ensablement (inévitable) :
1. secouez la voiture de droite à gauche. « Shake it ! Shake it ! »
2. dégonfler un peu plus les pneus.
3. dégager le sable des roues.
4. demander à un ranger de conduire et pousser la voiture.
5. laisser la voiture sur le bord de la piste, et utiliser la navette 4X4 pour touristes, en toute humilité…
6. laisser un bon pourliche au gars du parc pour avoir sorti l’auto du sable en faisant rugir le moteur

Leçon no. 5 : Bien interpréter le langage corporel africain

– Pincement de doigts (du style bec de canard) : « stop ! Arrêtez vous ! »
– Haussement de sourcils : « salut », « ciao »… ou on sait pas trop, à explorer !
– Deux doigts levés : « salut » entre conducteurs ou avec des personnes sur le bord de la route
– Grand sourire, main qui fait coucou et qui suit la voiture en courant : « salut je suis content que tu sois là » (parce que j’ai l’espoir que tu me donneras des cadeaux ou de l’argent)
– Bras qui s’agite de bas en haut, sur le bord de la route : « arrête toi, j’ai quelque chose à te demander » À ne pas confondre avec « j’ai besoin d’aide » ou « je fais du stop » ! Quand nous nous arrêtons suite à ce signe, les personnes sont souvent surprises : « incroyable, ca marche ! Les blancs s’arrêtent quand on fait ca ! » Durant les premières secondes de la rencontre, nous nous regardons hébétés. avant que la vraie question ne sorte : « twenty ? », « Sweet ? » ou encore « photo money ? » (surtout pour les femmes himbas en tenue traditionnelle – qu’elles sont belles !). Nous donnons des sandwich, des gâteaux, du jus. Surtout, nous apprenons bien vite à ignorer ces appels.
– Enfin, un signe explicite et universel : la main tendue, creux vers le ciel, les yeux implorants, « please ! I am hungry ». Que faire ? Comment calmer son coeur, desserrer la gorge ? Doit-on succomber à la pitié qui fait donner mais alimente l’automatisme « homme blanc = distributeur de billets » ? Avec Elsa, nous répondons par le même geste avec un sourire. Nous cherchons à désamorcer le réflexe. Nous visons un rapport d’égalité. Cela fait rire ou s’énerver parce que nous le savons bien impossible. Des blanches qui mendient, quelle blague ! Mais nous parvenons à dissocier le geste de sa signification, à le rendre ridicule. Au moins, nous rions parfois avec l’autre.

Leçon no. 6 : Ne jamais prendre les animaux sauvages pour des cons :

Déjà ce ne sont pas des top-models qui posent sur les photos. Ils montrent d’abord leurs fesses et daignent parfois se retourner. Ensuite, un trou d’eau près d’un camping ne suffit pas pour attirer les félins. En fait, on se demande même si ce ne sont pas des êtres tout bonnement imaginaires ! Enfin les phoques ne prendront pas de douche pour quelques touristes. Ils puent un mélange de poisson, d’excréments et de mort, surtout les nombreux cadavres de bébés…

Quelques leçons namibiennes en vrac :

– Escalader une dune, c’est très très dur (enfin mou) !
– Vérifier les settings de son appareil photo avant de partir pour qu’il soit en haute résolution…
– Une rivière peut monter en crue en 5 min et disparaître en 1h !
– Prévoir des pauses « caca » dans les lodges de luxe. Ou alors s’entrainer à utiliser des toilettes ouvertes, sans verrou, sans PQ et sans chasse d’eau, toujours avoir 2 dollars pour payer le mec qui fait semblant de nettoyer les toilettes.
– Il faut un duvet chaud pour dormir dans le désert
– Les enfants des bois n’aiment ni le café, ni le pain.
– Inventer des chansons avec « non » pour seules paroles est une bonne technique pour éloigner les harceleuses commerciales sans se fâcher, à condition de ne jamais succomber à la tentation de les regarder ou de jeter un œil à leurs marchandises. Mais ca ne marche pas toujours… Si on est vraiment tenté de regarder la camelotes penser a porter des lunettes de soleil.
– Les arbres sont très pratiques pour : stocker des sacs plastiques, faire sécher toutes sorte de choses, y compris de la viande, bâtir de gigantesque termitières.
– Les Allemands sont nuls pour changer une roue de 4×4.
– Décorer sa voiture avec une guirlande de Noël apaise d’emblée les discussions avec les officiels (policiers, rangers, employés de camping avec qui négocier le prix de l’emplacement).
– La viande de kudu fond dans la bouche. Excellent repas de Noël !
– Pour voyager en 4×4 avec tentes de toit, bouger de jour en jour, camper en nature, il faut surtout partir avec de vrais amis !