J’aime voyager.

J’aime assister, chaque soir unique, au coucher chatoyant du soleil.

J’aimer pouvoir respirer.

J’aime m’ouvrir aux sons qui m’entourent, qui m’éveillent,

A l’harmonie qu’ils créent, leur cadence.

J’aime l’interruption de la flute de Pan voisine et savoir que je croiserai son joueur ce soir.

J’aime l’ahurissement d’un instant face à un rideau de douche.

J’aime avoir le temps,

Le choix.

J’aime l’absence de quotidien et les rituels qui se recréent.

J’aime la fatigue usée des transports.

J’aime l’incertitude de l’attente.

J’aime laisser décanter les nouvelles du monde qui m’arrivent.

J’aime au milieu des bambous la fièvre politique qui gagne nos discussions d’expatriés français,

D’exilés volontaires,

Sous un toit de feuilles tressées.

J’aime les croisements de génération,

De culture,

Et les accords d’âge.

J’aime les futurs qui se dessinent,

Miroitent,

La multiplicité des possibles.

J’aime apprendre mes limites dans la douleur

Pour mieux m’y adapter.

J’aime les rares instants avec moi-même.

J’aime avoir sous les yeux la nature épuisable.

Y faire éclore des visages merveilleux.

J’aime, souveraines, l’immobilité des montagnes quand tout décline autour d’elles.

J’aime les pluies paralysantes.

J’aime les cohortes du crépuscule, les chauves-souris défilant par milliers,

Noir serpent qui siffle et se tord dans le ciel.

J’aime que tout me rappelle au changement des saisons.

J’aime les promesses incertaines des ponts branlants,

Découvrir leur fréquence pas à pas,

Renoncer parfois.

J’aime la concentration sonore.

J’aime avoir les mêmes

J’aime que surgissent des silhouettes improbables et colorées.

Que Damien.

J’aime trouver mes mots dans d’autres bouches.

J’aime sentir dans le silence la progression de ta pensée parallèle à la mienne.

J’aime ne pas réfréner constamment mon désir de vie,

de mouvement.

J’aime la mise à nu, émouvante et soudaine, de ces gens que je ne connais pas.

J’aime l’intensité des secondes,

Et les chaudes après-midis indolentes qu’on regarde passer.

J’aime pouvoir lire un roman d’une traite

Échos retrouvés,

Echos de l’écriture retrouvée.

J’aime les mots nouveaux,

Leur sonorité sous ma langue,

Et les rires des locaux.

J’aime cette succession de chiens et de chats qui peuplent chaque maison,

m’ouvrent pour quelques nuits leur territoire,

Qui me veillent peut-être.

J’aime l’incertitude,

La poussière et le vent.

J’aime oublier les noms, me souvenir du reste.

J’aime dire au revoir à ce que j’ai aimé.

Bref, vous l’avez compris, tout va bien, affaire à suivre…